Poulet, bœuf, porc ou veau, la viande fait partie du quotidien des Français. Ils font partie des plus gros consommateurs de viande au monde : plus de 45 kilos par personne et par an. Pourtant l'univers de la viande est en mutation. Il y a encore quelques années la bouchère était la femme du boucher. Mais aujourd'hui de plus en plus de femmes saisissent le couteau à leur tour et prennent leur place derrière les billots. Une féminisation qui révolutionne le métier. Amoureuses de l'artisanat, elles sont aussi attachées au bien-être animal et apportent un vent de fraîcheur sur un métier qui avait parfois du mal à se renouveler. Pendant plusieurs mois une équipe de " Reportages découverte " a suivi des bouchères entre formation,
A 19 ans, " Léna la bouchère " mène son combat sur TikTok. La jeune femme a su concilier son amour pour les animaux et la bonne viande et celui pour les réseaux sociaux. " Influenceuse de la barbaque ", elle y défend le bien-être animal. " Mon but dans la vie, c'est d'essayer de réduire l'élevage intensif... explique la jeune Lorraine, Léna Perrin-Manginois de son vrai nom. J'ai trouvé le métier de boucher, je me suis dit que rentrer dans le vif du sujet, c'était le moyen de changer les choses " Un choix qui n'a pas été facile, tant les préjugés ont la vie dure : " Quand j'étais petite, je faisais attention à ce que je mangeais, alors les gens pensaient que j'allais finir vegan ! Quand je leur ai dit que j'allais faire bouchère, ils étaient tous choqués ! ". Son CAP boucherie en poche, elle concourt cette année au titre de Meilleur Apprenti de France en charcuterie-traiteur, autre casquette bien utile pour ouvrir sa propre boutique plus tard. Nous la suivons de l'entraînement jusqu'au podium...peut être sur les traces de Stéphanie Hein.
A 38 ans, Stéphanie est une pionnière : devenue l'an dernier la première femme à décrocher le titre de Meilleure Ouvrière de France en boucherie, elle se met la pression chaque jour, lorsqu'elle enfile sa veste au col tricolore : " Comme me disait un autre Meilleur Ouvrier de France, vous avez le vélo, c'est bien, maintenant vous allez apprendre à le conduire et à pédaler ! " raconte-t-elle. Pour la première fois de sa vie elle ouvre pas moins de trois boutiques en même temps dans la région de Tours, sous un nom forcément féminin : La Millésime. Mais Stéphanie le sait...elle est attendue au tournant.
Pour Manon Romain dans le Périgord, la viande, c'est de la ferme à l'assiette. Une viande d'exception : à seulement 21 ans, la jeune femme élève des autruches -qu'elle abat et découpe sur sa ferme-, mais aussi des vaches Limousines de race bouchère, parmi les plus belles de France. L'an dernier, l'une d'entre elle, Pivoine, a été sélectionnée pour la prestigieuse vente aux enchères du Salon de l'agriculture, et la jeune femme compte bien réitérer l'exploit. Nous la suivons de l'étable à la présélection de Lubersac, en Corrèze : " C'est un petit peu tendu, il y a beaucoup d'animaux qui se valent et des fois ça se joue vraiment à un chouia... C'est le principe d'un concours ! "
A la tête d'une boucherie artisanale à Strasbourg, Natacha Bieber est une reconvertie : diplômée en langues étrangères, elle avait entamé une carrière dans le commerce international avant d'avoir une révélation, derrière le billot : " Ce choix de la boucherie, je pense que c'est une revanche sur le milieu masculin, explique-t-elle. Parmi ses mentors, Hugo Desnoyer, la star des bouchers parisiens. Il lui a transmis la dextérité, l'exigence et une idée phare : " aller au cul des vaches " comme il dit, rétablir le lien avec les éleveurs pour mieux connaître les viandes.
De la campagne tourangelle au Périgord Vert, en passant par Paris et Strasbourg, portraits de quatre femmes bouchères au caractère bien trempé, sur les chemins de l'excellence.