Lignes ferroviaires fermées, pas assez fréquentées, trop chères à entretenir pour desservir des villages... depuis des décennies, la tendance change. Aujourd'hui, le train est considéré comme le moyen de transport le plus "propre" pour voyager. De la neige au désert, de gare en gare, de train en train, la destination compte autant que le voyage lui-même. Une équipe de "REPORTAGES DÉCOUVERTE" a suivi Fabian et Estelle, qui voyagent uniquement en train avec leurs trois filles âgées de 9, 7 et 2 ans, à la découverte de la Laponie. Nous avons aussi suivi Nadine, Francine, sa fille Léonora, et Cécile dans un grand périple en Inde.
Pour la famille de Fabian, " le voyage commence dès que la porte d'entrée se ferme ". En plus du choix écologique, ce qui compte pour eux, c'est le voyage en lui-même et les rencontres : " Les enfants aident à briser la glace ". Ils démarrent leurs vacances par un selfie devant la gare. Le trajet les mène de Namur à Stockholm, puis Kiruna, Abisko, au-delà du cercle polaire, et enfin Narvik en Norvège, à bord de trains chasse-neige traversant la Scandinavie en hiver. " Le train peut nous emmener au milieu de nulle part, et ça, c'est génial ", explique Estelle dans l'immensité blanche du parc national d'Abisko. Ils embarquent sur le Arctic train, entre fjords et sommets, pour acheminer le minerai de fer de Kiruna en Laponie suédoise jusqu'au port de Narvik en Norvège. " Le train nous permet de nous retrouver et de partager des moments en famille ", dit Fabian, qui a hérité de son père cheminot. Pour Célestine, 10 ans, ce pays de sapins et de neige est " le pays du père Noël ". Elle découvre aussi les aurores boréales, les chiens de traîneau et les Samis, éleveurs de rennes vivant sur quatre territoires, de la Norvège à la Russie. " Une rencontre interpellante ", déclare Estelle, consciente de la réalité de ce dernier peuple autochtone d'Europe.
Nadine, passionnée de trains, embarque avec Francine, Léonora, sa fille de 26 ans, et Cécile, pour découvrir le Rajasthan : de New Delhi à Varanasi, ancienne Bénarès et capitale spirituelle de l'Inde. Les quatre Françaises utilisent les express régionaux pour explorer ce pays et son peuple, avec le 5ème plus gros réseau ferroviaire au monde, soit 122 000 km de voies. " Ici, les gens vivent dans les trains ", remarque Nadine. " Les wagons climatisés, cela ne m'intéresse pas ". Le train les mène à Agra pour visiter le Taj Mahal, joyau moghol du XVIIème siècle, l'une des sept merveilles du monde, puis à Jaipur. Les Françaises découvrent l'Inde des maharadjahs, en empruntant l'un des plus vieux trains du pays, sur une ligne de 1920 construite par les Britanniques, avec des banquettes dures et des fenêtres sans vitres. " Le train est synonyme d'aventure ", raconte Nadine, qui se souvient d'avoir pris le train pour Paris à 18 ans. Léonora partage cette passion des trains. " Elle est aventureuse, et moi ça me donne envie de faire comme elle ". À Varanasi, au bord du Gange, la découverte des bûchers publics est un choc. " On est prises au dépourvu ", mais comme le dit leur guide, " dans l'hindouisme, tout est écrit de la naissance à la mort ". Du luxueux au spartiate, rapide au montagnard, le train est l'un des moyens les plus extraordinaires pour découvrir un pays et sa culture.