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Précédente diffusion : 10/03/2024 à 21:00 sur TF1 Séries Films

«Une relation amoureuse à la fois puissante et blessante»

Addict - Interview de Cécile Bois
Publié par Bourgueil Karelle le 04/10/2022

Quand Elodie emménage dans un nouveau quartier avec sa famille, elle espère donner un souffle nouveau à son mariage mais sa rencontre avec Bruno, leur voisin, l’entraîne dans un engrenage infernal. Après le succès de «Gloria», Cécile Bois se glisse dans la peau de cette mère de famille sous l’emprise d’un manipulateur.

Quels aspects de ce projet vous ont donné envie de l’accepter ?
J’avais envie de travailler avec Didier le Pêcheur depuis longtemps. Nous avions eu des opportunités il y a quelques années mais elles ne s’étaient pas concrétisées. Au fur et à mesure de la lecture des scénarios d’Addict, qu’il a coécrits avec Delphine Labouret, j’ai eu envie d’en découvrir davantage. Même si l’on comprend ce qui est en train de se passer, on se demande comment Elodie peut s’en sortir et quel peut être l’épilogue de cette histoire. J’étais très impatiente de savoir quels seraient mes partenaires de jeu car ce trio a un rôle essentiel et j’étais persuadée que la qualité de la série allait en dépendre. 

Comment définiriez-vous «Addict» ?
Plutôt que de la voir uniquement comme un thriller, j’ai perçu cette histoire d’adultère comme une vraie relation amoureuse à la fois puissante et blessante. Cela a vraiment guidé mon interprétation et le parcours de mon personnage.

Qui est Elodie ?
Elle ressemble un peu à madame tout-le-monde. Prof de sport, elle a sans doute fait ce métier davantage parce que l’opportunité se présentait que par passion. Elodie n’a pas fait beaucoup de choix dans sa vie. Elle a pris ce qui arrivait et s’en est contenté. Ce n’est pas une combattante, ni une héroïne. Elle n’a pas forcément confiance en elle. C’est ce qui m’a séduit chez elle car, au premier abord, on ne soupçonne pas qu’elle puisse avoir un caractère fort.

Dans quel état d’esprit est-elle quand elle arrive avec sa famille dans leur nouvelle maison ?
Elle déménage pour avoir un petit frisson, pour se donner l’illusion qu’en changeant de lieu, elle peut changer de vie. Son couple ronronne, ses enfants grandissent et elle a conscience que bientôt elle se retrouvera en tête-à-tête avec son mari. Avec ce déménagement, elle se dit qu’elle va peut-être relancer sa vie amoureuse avec lui et sa libido. Dès ses premiers échanges avec son voisin, Bruno, Elodie le trouve charmant et sympathique. Cette rencontre l’émoustille. Elle est extrêmement séduite. Probablement car elle est prédisposée à l’être pour combler le vide qu’il y a dans sa vie.

Que vous inspire cette histoire ?
Il m’est arrivé de croiser des personnes manipulatrices mais heureusement sans qu’elles impactent vraiment mon existence. En revanche, j’ai été marquée par des personnes dont la vie a été ravagée par ces rencontres. Je n’avais pas envie de voir le personnage de Bruno forcément comme un homme mauvais mais plutôt très abîmé par la vie et par son passé. Il a une forme de sincérité quand il vient pour la première fois vers Elodie même s’il finit par totalement la manipuler. Cet homme calcule et contrôle chaque paramètre de la vie de ses victimes mais on peut voir ça davantage comme une pathologie que comme les actes d’un manipulateur lambda, froid et sans gêne. C’est la nuance, la subtilité sur laquelle j’ai joué. Nous avons beaucoup échangé avec Sagamore Stévenin sur cet aspect du personnage.

Vous lui donnez la réplique pour la première fois, tout comme à Medi Sadoun…
Nos premiers échanges à tous les trois ont eu lieu lors d’une lecture en visio car nous étions encore dans une période de vague du Covid. Puis, dès le début du tournage, j’ai rencontré Medi Sadoun. C’est un cœur sur patte ! Un homme d’une extrême humilité, d’une profonde gentillesse, toujours de bonne humeur. Ce fut un camarade absolument merveilleux. Sagamore Stévenin nous a rejoints 7 semaines après. Un laps de temps très long alors que nous avions beaucoup de scènes communes. Il nous a fallu quelques jours pour trouver nos marques et une vraie harmonie artistique. On a échangé tout au long du tournage sur notre vision des séquences, l’orientation de nos personnages. On s’est beaucoup guidés tous les deux. J’avais de nombreuses scènes d’amour à jouer que j’acceptais pour la première fois. Sagamore et Medi ont été d’un immense respect. Je n’aurais pas pu rêver meilleurs partenaires de jeu.

Vous retrouvez Aurore Clément avec qui vous aviez joué il y a plus de 20 ans
Oui, c’était en 1996, elle interprétait mon personnage en plus âgé dans Les Alsaciens ou les Deux Mathilde. On était très heureuses de se retrouver. Avec nos similitudes physiques, il y avait une logique assez implacable au fait qu’elle interprète ma mère. J’ai aussi retrouvé Cécile Rebboah que j’avais croisée sur Candice Renoir. On s’est vraiment découvertes sur Addict. C’est une femme extrêmement truculente, très culottée. J’ai eu un vrai coup de cœur pour elle ! Puis j’ai découvert Lucie Vagenheim qui interprète ma fille. Son talent et sa capacité de travail lui promettent un bel avenir. Très concentrée sur son sujet, elle fait preuve d’une grande générosité dans le jeu. J’étais aussi très contente de croiser la route de Lorànt Deutsch. C’est un être absolument passionnant par sa culture mais également par sa complexité. Il interprète dans Addict un vrai rôle de composition. On partageait peu de scènes et j’espère que l’on aura l’occasion de rejouer ensemble pour une partition commune un peu plus longue.

Gardez-vous à l’esprit le tournage d’une scène en particulier ?
La séquence de l’épilogue sur la relation entre Elodie et Bruno m’a particulièrement marquée. On tournait de nuit et tout était très millimétré. La scène était d’une grande puissance émotionnelle. Je voulais apporter à cette séquence, à la narration proche du thriller, toute la contradiction de mon personnage plongé dans une situation extrême. On a fini vers 5h du matin. Il a fallu une énergie colossale pour la tourner et pour la prolonger aussi tardivement. Je me souviens aussi de scènes de famille à quatre avec également Louis Duneton que j’avais croisé sur Candice Renoir. Il y avait quelque chose de très familial, très fluide et simple entre nous quatre. Le quatuor a très vite fonctionné. C’étaient des moments vraiment agréables.