« Nous avons eu beaucoup de liberté »
Artus se glisse dans la peau de Benoît Gênant, un agent immobilier, à la tête d’une petite structure de Puteaux. Parfois grossier, malhonnête et sans gêne, il multiplie les faux pas et laisse son entourage perplexe. Une série drôle, au ton décalé, qui a immédiatement séduit l’humoriste.
Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
Eric Lavaine, qui a écrit et réalisé la série, m’en a parlé. Nous ne nous connaissions pas personnellement mais nous avions un ami commun. Et ce projet m’a tout de suite plu ! Je participe rarement à des séries mais j’aimais le ton un peu « barré » de celle-ci qui me rappelait d’autres séries comiques dans l’esprit de The Office. J’espère que nous avons réussi à apporter ce ton particulier que je trouve trop rare en télévision.
Comment décririez-vous votre personnage ?
Tout est dans son nom ! Benoît Gênant est un clown comme on en voit peu en France, sauf peut-être à l’époque de H. J’ai retrouvé le même ADN, avec des personnages très premier degré et bas-de-plafond qui peuvent être parfois bêtes, grossiers, malhonnêtes, méchants ou racistes, mais restent attachants parce qu’ils vivent tout tellement à fond qu’ils en deviennent risibles. En l’occurrence, l’immobilier est toute sa vie. Il est convaincu d’avoir des idées super alors qu’aucune n’est bonne. Mais au final, je ne le vois pas comme un homme fermé. C’est juste un mec sans filtre, qui ne comprend pas pourquoi c’est maladroit de crier « Black Lives Matter » à un homme noir assis tranquillement à son bureau. Il est sincère dans sa démarche. Pour lui, c’est simplement un moyen de signifier son soutien.
Dans quelle mesure avez-vous collaboré à l’écriture des scénarios ?
J’ai participé à l’écriture des dialogues. L’objectif était de faire les meilleures vannes et le meilleur programme possible. Et sur le plateau ensuite, Eric Lavaine était très ouvert aux propositions. Il y a eu beaucoup d’impro et nous avons eu beaucoup de liberté sur ce projet.
Vous êtes-vous inspiré d’anecdotes personnelles ?
Ma mère est agent immobilier donc je connais bien le milieu ! Mais il s’agit d’un personnage totalement fictionnel. Je n’ai pas eu besoin de faire 6 mois en immersion ! La série ne se moque pas des agents immobiliers en particulier mais bien de la personnalité de Benoît Gênant. Il aurait tout aussi bien pu être charcutier ! Le personnage joué par Ornella Fleury est par exemple tout à fait normal.
Vous êtes-vous fixé des limites dans l’humour ?
Non. Je pars du principe qu’on peut rire de tout. Aujourd’hui, certains mots sont devenus tabou et je ne comprends pas pourquoi. Nous sommes tous différents et il ne faut pas avoir peur de nommer les choses : il y a des gros, des petits, des noirs, des Arabes, des Chinois… Par exemple, quand j’étais gros, j’entendais souvent le mot « enrobé » que je trouvais ridicule. Je suis notamment le premier à faire des blagues sur le handicap. Or, la majorité des gens qui y sont confrontés me remercient car ils ont envie d’en rire. Je pense qu’une minorité nous fait croire qu’on ne peut plus rire de rien alors que la majorité a envie de continuer à rire de tout.
Benoît Gênant aime répéter « L’exactitude est la politesse des dieux ». Pourquoi ?
C’est une phrase qu’Eric aimait beaucoup et qu’il voulait placer régulièrement ! C’est très drôle parce qu’il est lui-même tout le temps en retard. Cela correspond parfaitement à notre personnage qui n’hésite pas à énoncer des morales qu’il ne respecte pas.
Plusieurs guests de renom apparaissent dans la série !
Oui, nous avons eu la chance d’accueillir François- Xavier Demaison, Mathilde Seigner ou encore Franck Dubosc. J’en connaissais bien certains, d’autres moins, mais dans les impro, ils étaient tous les trois très vifs. Nous avons aussi accueilli l’idole de Benoit Gênant… Stéphane Plaza ! Ce tournage était vraiment cool et nous avons bien ri. Ce format de 30 minutes est un classique de comédie qui me plait. Il implique d’être plus efficace et d’aller droit au but. Le rythme était assez dense et nous avions de grosses journées mais on avait tous les jours des choses chouettes à jouer et on travaillait dans la bonne humeur.
Comment s’est passée votre collaboration avec vos partenaires Ornella Fleury et Esteban ?
Très bien, ils ont été de vraies belles rencontres. Sur la série, nous étions tout le temps ensemble. Eric m’avait intégré au casting donc j’ai fait passer les essais à chacun des 2 rôles. Il m’a vraiment demandé mon avis et nous les avons choisis ensemble. Comme il y avait beaucoup d’impro, c’était très agréable d’avoir pu choisir des comédiens avec lesquels j’avais vraiment envie de jouer et avec lesquels je savais que ça allait « matcher ».
Quels sont vos projets ?
Je suis en tournée pour 3 mois et demi avec mon nouveau spectacle, et à partir de septembre à Paris, au théâtre Edouard VII.