« Je n’ai pas eu la chance d’avoir une prof comme Sam ! »
Nouvelle rentrée et nouvelle interprète pour le personnage de Sam ! Hélène de Fougerolles endosse le rôle de cette prof rock’n’roll et peu banale en remplaçant Natacha Lindinger dans la 7e saison. Pour son plus grand bonheur…
Dans quel état d’esprit avez-vous repris le rôle de Sam ?
J’étais très contente parce que c’est un personnage super ! Après Balthazar, je rêvais de retrouver un rôle récurrent. Et quel rôle ! Je suis très fière d’avoir réussi le casting car ce n’était pas évident pour moi de rentrer dans la peau d’un personnage qui existait déjà. Je me disais que tout allait bien se passer mais je n’avais pas réalisé à quel point ce serait difficile ! C’est la première fois que je me retrouve dans une telle situation. Jusqu’à maintenant, je proposais une interprétation et en général, elle plaisait. Sur ce tournage, on me disait : « c’est super Hélène mais maintenant, on va faire du Sam ! » Je me suis notamment aperçue que je disais beaucoup « merci » et « pardon », des mots qui ne font absolument pas partie de son vocabulaire ! La difficulté ne venait pas de la comparaison avec d’autres comédiennes mais du personnage en lui-même parce qu’il est très fort. Sam a sa façon d’être, de s’exprimer, sa démarche, ses codes… J’ai mis une dizaine de jours à entrer dans ce personnage.
Comment y êtes-vous arrivée ?
Je n’ai pas voulu être influencée par la version originale. Je me suis plus intéressée au personnage créé par Natacha Lindinger. Avec Sam, nous sommes diamétralement opposées. Plus vulnérable et sensible, je ne m’affirme pas. Sur le tournage, j’ai fait totalement confiance à Hippolyte Dard, le réalisateur, nouveau venu aussi sur la série, et à Alexandra London, la productrice artistique, présente depuis le début. Je les ai laissés me façonner un peu. Nous avions trouvé un petit sous texte que je me répétais avant beaucoup de scène : « Allez bien vous faire… » Mais souvent nous tournions deux versions, la leur et la mienne. Nous disposions de peu de temps pour chaque prise et Hippolyte a été un amour de me laisser jouer comme je voulais de temps en temps. Et parfois, ça lui allait quand j’apportais un peu de ma fragilité et de ma sensibilité. Je pense avoir donné plus d’empathie à Sam, elle est un peu plus déstabilisée cette saison. C’est chouette pour moi d’apporter un peu « ma patte ».
Malgré vos différences, avez-vous trouvé quelques points communs avec elle ?
Oui, je me retrouve aussi en elle. Elle est un peu à côté de la plaque : lorsqu’elle essaye de faire quelque chose ou d’aller dans une direction, elle aboutit souvent à l’inverse ! J’ai un peu ce truc. Comme elle, je suis aussi assez libre. Et Sam est un vrai « bulldozer ». Or, même si j’ai une image plutôt sympathique, je dis ce que je pense et je ne fais pas de manière. Je ne suis pas très mystérieuse non plus. Et puis c’est un détail mais Sam se déplace à vélo. Je suis tout le temps à vélo, c’est ma grande passion ! Les téléspectateurs ne l’ont pas forcément retenu mais le capitaine Bach dans Balthazar l’utilisait beaucoup elle aussi.
Qu’est-ce qui vous plait le plus chez Sam ?
Entière, libre et sans filtres, Sam vit pleinement. C’est une femme forte, qui fait ses propres choix et prend ce dont elle a envie sans se soucier des conséquences. Très égoïste, parfois inconséquente, elle peut faire preuve d’un comportement totalement irrespectueux et amoral. En même temps, elle est tellement attachante. Elle me rappelle beaucoup ma mère ! Dans la vie, on a tendance à se surveiller. J’espère qu’elle pourra aider beaucoup de femmes à se déculpabiliser. D’autre part, Sam est belle sans le faire exprès, elle ne met pas en avant des signes féminins extérieurs auxquels nous sommes habitués. Et elle assume totalement son âge. Personnellement, j’assume mes rides et les questions liées à l’âge comme la ménopause. Pendant le tournage, j’étais dans le même état qu’elle avec mes bouffées de chaleur et mes douleurs aux genoux ! Ça me faisait rire. Ces sujets sont peu abordés dans notre société et je trouve génial de le faire dans cette série. Ce personnage offre énormément de choses à jouer.
La série évoque aussi des problématiques liées à l’adolescence. Etiez-vous à l’aise au milieu des jeunes comédiens ?Oui, tourner avec eux est galvanisant. L’adolescence est l’âge que je préfère. Je n’ai pas beaucoup d’autorité et je suis restée très jeune dans ma tête. Ça m’aide sûrement dans mes rapports avec eux ! C’est aussi le cas des autres comédiens de la série et nous avions parfois l’impression que ces adolescents étaient presque plus sérieux que nous ! Sam parle des jeunes, l’une des raisons pour lesquelles je trouvais ce personnage si intéressant. On peut transmettre, évoquer différentes problématiques... D’ailleurs, pour garder de l’innocence et de la fraîcheur, la production tient à faire tourner de vrais collégiens et pas des acteurs qui ont l’air plus jeunes.
Quel était votre rapport à l’enseignement ?
J’ai arrêté l’école à 16 ans. Sage et mignonne, j’essayais d’écouter mais ça ne m’intéressait pas ou je ne m’attardais pas sur ce qu’il fallait. En histoire par exemple, je faisais attention aux tenues des soldats ou à leurs conditions de vie dans les tranchées mais pas du tout aux faits historiques. En revanche, j’ai fait beaucoup d’études ensuite et j’ai appris plein de choses. Je n’étais juste pas adaptée au système éducatif. Je n’ai pas eu la chance d’avoir une prof comme Sam !
Vous souvenez-vous d’une scène en particulier ?
Pour le 2e jour de tournage, je me suis retrouvée à moitié nue avec Amaury de Crayencour sur un bureau, en train de simuler une scène de sexe devant toute une équipe ! Cette séquence passée, je me suis dit que je pouvais me détendre ! Amaury est d’une rare gentillesse et très professionnel. Le sourire aux lèvres toute la journée, il connait parfaitement son texte et fait attention à l’autre. C’était d’ailleurs le cas de tous les comédiens sur ce tournage. On m’avait prévenue que l’ambiance sur le plateau était familiale. J’ai découvert un vivier de personnes formidables, de gens sans ego démesuré et « normaux ». Dire cela peut paraitre bizarre mais dans notre métier, ce n’est pas toujours évident ! Avec le metteur en scène, nous avons été accueillis à bras ouverts, sous le regard bienveillant des « anciens » qui font tout pour que règne une bonne humeur. Chantal Ladesou a été un vrai coup de cœur. A l’écoute, elle est extrêmement douce et ne râle jamais. Quant à Fred Testot, il est très drôle. Tourner avec lui en conservant son sérieux est très difficile. Quel bonheur de l’avoir sur un tournage !
Partante pour une saison 8 ?
Oui ! C’est une fiction très bien construite et un rôle principal extraordinaire. Quelle chance d’avoir un personnage comme celui-ci avec autant de choses à jouer à mon âge. Si je pouvais continuer encore 10 ans, je serais la plus heureuse des comédiennes !