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Précédente diffusion : 08/12/2022 à 21:10 sur TF1

«Cette expérience m’a fait vivre une autre facette de notre métier»

Enquête à coeur ouvert - Interview de Pierre-François Martin-Laval
Publié par Bourgueil Karelle le 15/11/2022

Florence, en attente d’une transplantation cardiaque, et son mari Vincent s’ouvrent aux douloureux questionnements identitaires de leur fille adoptive. Pierre-François Martin-Laval interprète, aux côtés de Claire Keim, ce père plongé dans une histoire de famille intense.

On vous voit surtout au cinéma. Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette série TV ?
Deux éléments m’ont immédiatement touché : le thème de l’adoption, un sujet présent dans ma vie depuis longtemps, et l’aspect médical. Ma meilleure amie, Isabelle Nanty, a fait le choix d’adopter et moi-même, j’ai élevé une petite fille depuis l’âge d’un an. Dans ces situations, la recherche des origines s’impose souvent. Au fil de la lecture des scénarios, j’ai trouvé ce sujet bien amené et j’ai aimé l’idée d’endosser le rôle d’un père adoptif. La transplantation cardiaque me parlait également. Elevé par un père chirurgien, j’ai passé tous mes samedis à la Croix-Rouge et j’ai eu la chance d’assister à des interventions chirurgicales. Le milieu médical fait partie de ma vie. Toutes ces raisons m’ont permis de me sentir très à l’aise avec ce personnage.

Qui est-il ?
On découvre ce père de famille au moment où son quotidien bascule. Son épouse, Florence, risque de mourir en l’absence d’une transplantation cardiaque. Et quand l’espoir de la sauver se présente, sa fille adoptive, désormais adolescente, fait une crise identitaire. Vincent se retrouve dans la tourmente entre les deux femmes de sa vie.

Il semble pourtant être le pilier de cette famille…
Tout à fait ! C’est un profil différent des autres personnages que j’ai interprétés jusque-là, qui étaient généralement irresponsables ou lunaires. J’ai trouvé intéressant de me glisser dans la peau d’un père de famille rassurant, plus mûr et responsable. Même si de nouveaux soucis surviennent au fil des épisodes et que Vincent ne reste finalement pas solide.

Comment s’est passée votre collaboration avec Claire Keim ?
J’avais envie de jouer avec elle depuis longtemps. Dans le planning du tournage, organisé chronologiquement par rapport aux décors, nous dévions débuter par des scènes d’amour. Ça a été très compliqué pour moi ! Le réalisateur m’en avait parlé mais je ne voulais pas bousculer le plan de travail. Au final, jouer avec Claire s’est révélé simple car elle a beaucoup d’expérience et sait prodiguer à chaque fois le bon conseil.

… et avec Jessyrielle Massengo, la jeune comédienne qui interprète votre fille ?
Elle joue une ado de 15 ans mais elle en a 18 dans la réalité. Elle a su malgré tout garder la douceur nécessaire à notre rapport père/fille. On a très vite été complices. Je me suis davantage comporté comme un parrain ou un tonton bienveillant avec elle. Sans spécialement lui prodiguer des conseils, j’ai tenté de lui donner confiance. Grâce à mon expérience de metteur en scène, je sais que c’est le plus important pour les acteurs.

Réaliser des films vous aide-t-il également dans votre approche de comédien ?
J’adopte dans la mesure du possible un comportement favorable au travail de l’équipe car j’ai observé trop d’acteurs qui apportaient leur stress ou leurs exigences. En revanche, je ne me mêle pas de la mise en scène. J’étais très admiratif du travail du directeur de la photographie et du réalisateur, Frank Van Passel.

Vous avez tourné dans des décors très variés d’Anvers à Biarritz…
Les ambiances dans ces deux villes étaient très différentes. J’habite Marseille et le Pays basque m’a beaucoup plu. Ces paysages me font un bien fou. Il y avait une ambiance joyeuse même si la crise sanitaire nous empêchait de nous voir en dehors des journées de tournage. La nature était belle mais les éléments déchaînés ! Ça ne se voit pas à l’écran mais on avait l’impression que la maison allait s’envoler à cause de la tempête. En revanche, en Belgique, ce fut plus pesant parce que l’on a passé beaucoup de temps dans les hôpitaux. Etre dix jours au chevet du personnage de Claire m’a rappelé ceux passés auprès de mon père avant sa disparition. Ajouté à l’isolement de la crise sanitaire, ce n’était pas simple de garder le moral. Ces conditions nous ont cependant peut-être permis de nous immerger d’autant plus dans les émotions de nos personnages et dans ce qu’ils traversent. Moi qui fais essentiellement des comédies en tant que réalisateur, cette expérience m’a fait vivre une autre facette de notre métier.

Habitué aux tournages pour le grand écran, avez-vous senti des différences ?
J’ai vraiment eu l’impression d’être au cinéma en partie grâce au talent du directeur de la photographie et du réalisateur. Je n’ai pas l’habitude de voir de telles lumières dans les séries télé. Ils travaillaient avec un easyrig, un système qui permet de porter la caméra au-dessus de la tête. Cela donnait une souplesse extraordinaire. Ils pouvaient nous suivre dans tous nos déplacements. Le rythme enlevé m’a beaucoup plu. La direction de Frank Van Passel est très précise et exigeante. Ça m’a fait plaisir de voir qu’il y a d’aussi grands talents à la télévision.

Quelle est votre actualité ?
J’ai réalisé un puppet movie à l’ancienne avec des marionnettistes qui met en scène Jeff Panacloc et sa peluche Jean-Marc dans un film d’aventure. C’était passionnant. Je viens également de terminer un long métrage avec Christian Clavier adapté du livre La troisième vengeance de Robert Poutifard de Jean-Claude Mourlevat. J’ai passé trois mois complètement dingues avec lui. Enfin, je mets en scène à partir du 9 novembre au théâtre du Lucernaire Le monde du silence gueule !, une pièce écrite par Julia Duchaussoy sur l’avenir de la planète.