En France, près des deux tiers des communes de moins de 3 500 habitants n'ont plus le moindre commerce. Cafés, restaurants, boulangeries, épiceries, des lieux de service mais aussi de convivialité que les habitants voient inéluctablement disparaître depuis une vingtaine d'années. Pourtant, un peu partout en France, des habitants se battent pour sauver leur dernier commerce. Dans le Lot-et-Garonne, la Sarthe, l'Orne ou 'Ille-et-Vilaine, une équipe de " Reportages découverte " a suivi pendant près d'un an des femmes et des hommes déterminés à ne pas voir mourir leur village.
A Lamontjoie, un village de 500 habitants du Lot-et-Garonne, cela fait 40 ans qu'Hélène tient l'unique magasin du bourg. Son épicerie multi-services est ouverte 7 jours sur 7, de 8h à 19h. 40 ans qu'Hélène ne prend presque jamais de congés...mais elle commence à s'épuiser : " On fait la presse, la librairie, le relais-colis, le tabac, le dépôt de pain, des légumes, du sec, des gâteaux. Mais je sais que quand je vais arrêter, le contact avec les personnes va me manquer... Je vais en pleurer ! " Car sa décision est prise : quoi qu'il arrive, elle prend sa retraite dans 3 mois. Alors Lamontjoie retient son souffle, car sans repreneur à l'horizon, le village perdra son dernier magasin ! Tout le village va donc se lancer à la recherche d'un repreneur.
A Ancinnes, dans la Sarthe, les habitants ont refusé la fermeture de leur dernier commerce et ils ont trouvé une solution provisoire. Depuis que l'épicière a mis la clé sous la porte il y a 4 mois, des bénévoles se relaient chaque matin dans un local aménagé par la mairie pour assurer un dépôt de pain et servir le café. Denis, le maire de ce village de 900 habitants, se bat pour relancer un véritable café-épicerie-restauration : " On n'a pas de grand commerce proche, et on a des personnes âgées ici... Pour moi, ce commerce s'apparente quasiment à un service public. " Les efforts de toute la commune suffiront-ils à redonner vie au village ?
A Passais-Village, en Normandie, c'est le sort de la dernière boulangerie qui tient en haleine les 1100 habitants. D'autant qu'il n'y en a pas d'autre à plus de 10km à la ronde. Florence et son mari Dominique l'ont reprise il y a 20 ans, et veulent désormais céder leur fonds de commerce et prendre leur retraite. Mais qui serait intéressé pour venir s'installer dans ce village situé à une heure de la première grande ville, Alençon ? " On a du mal à trouver quelqu'un " s'inquiète Florence, " c'est ça qui est embêtant, de savoir qu'on a un super commerce, on bosse bien, et au final, on va se retrouver sans personne. Ça fait un peu mal quand même ! " Alors pour sauver leur boulangerie, les habitants multiplient les initiatives originales : mobilisation des enfants du centre de loisirs pour confectionner une banderole et même tournage d'un film promotionnel sur la boulangerie. Parviendront-ils à attirer l'attention d'un repreneur ?
A Champeaux, en Bretagne, l'unique bar-restaurant du village a fermé il y a deux mois. Pour améliorer l'attractivité du village et inciter d'éventuels repreneurs à se manifester, les habitants ont donc eu une idée insolite : créer un escape game qui s'inspire du passé moyenâgeux du village. " Ça ne peut qu'attirer les foules " s'enthousiasme Fabienne, la maire de cette commune de 500 habitants, qui a tout misé sur cette future attraction. " Et donc, par ricochet, emmener beaucoup de monde au restaurant. Donc, le repreneur potentiel aura vraiment une carte à jouer avec les clients qui viendront dans cet escape game et qui pourront ensuite aller chez lui ". Mais la nouvelle attraction peut-elle vraiment inciter un repreneur à se manifester ?
Pendant plusieurs mois, nous avons suivi ces Français qui se battent pour sauver leurs commerces, envers et contre tout.