« Une façon de travailler inédite »
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Après avoir subitement interrompu sa brillante carrière d’avocat, Novak Lisica fait ses premiers pas de commissaire auprès de son amie d’enfance, la capitaine Julia Scola. Mais s’il s’agit de son premier amour, il ne l’a pas revue depuis vingt ans et leurs retrouvailles sont pour le moins houleuses. Retour sur ce personnage ambigu avec Lannick Gautry.
Vous avez déjà interprété plusieurs rôles de flic. En quoi celui de Novak vous a-t-il séduit ?
J’ai aimé qu’il ait été avocat avant de devenir commissaire. Je l’ai évoqué avec l’une de mes amies avocate. Elle m’a expliqué que ce genre de reconversion était assez, voire totalement improbable dans la vraie vie. C’est justement ce qui rend le personnage intéressant ! Il ne faut pas oublier qu’en France, les avocats sont appelés les « baveux » par les flics. Ça dénote bien l’ambiance qui règne entre ces deux professions ! A l’écriture, j’ai trouvé que l’on ressentait tout de suite un décalage entre Novak et un flic classique dans sa manière de poser les questions lors des interrogatoires, mais aussi plus globalement dans son approche des suspects et de son métier. Cela ouvrait de nouvelles perspectives.
Lesquelles ?
Il fallait que Novak ne soit pas comme les autres commissaires, appuyer sa différence pour rendre l’histoire crédible. Il a son style bien à lui, plutôt décontracté dans son attitude générale et avec son équipe. Quand il se présente, on sent clairement de la défiance de la part de ses collègues qui s’attendent au pire avec cet ancien avocat. Mais au fur et à mesure, il va réussir à leur prouver qu’il ne joue pas double jeu et mérite sa place.
Comment le décririez-vous ?
Novak est issu d’un milieu social défavorisé mais il a décidé jeune de réussir dans la vie. Devenu avocat, il était prêt à défendre n’importe quel criminel pourvu que cela lui rapporte de l’argent. Un jour, un événement provoque chez lui une crise de conscience. Il remet sa vie en question et décide alors de passer de l’autre côté pour ne plus défendre les criminels mais les arrêter. Cette bascule était très intéressante à jouer parce qu’elle en fait un homme complexe et non linéaire. J’ai vraiment aimé jouer ce personnage.
Novack est à la fois charmant et agaçant. L’équilibre était-il facile à trouver ?
Pour le construire, je me suis évidemment basé sur l’écriture des scénarios, en concertation avec le producteur et le réalisateur. Son côté agaçant était présent dès le départ, tout simplement parce qu’il était avocat. Le jeu de mes camarades y contribue beaucoup et je n’ai finalement pas eu trop besoin d’en rajouter ! Son côté charmant doit également beaucoup à l’interprétation de Claire Keim qui joue Julia. Dès le début, nous nous sommes dit que ces deux personnages avaient une énorme complicité quand ils étaient jeunes et qu’elle devait se sentir. Ils se connaissent par cœur et Novak sait comment la désamorcer quand elle s’énerve. Elle est souvent exaspérée mais en même temps, elle ne peut s’empêcher de constater son efficacité et retrouve chez lui ce qu’elle a aimé dans sa jeunesse. Claire l’a très bien fait, en ajoutant de la douceur. C’est une actrice très réceptive qui comprend vite les choses. Jouer avec elle est très facile. En plus, nous étions vraiment entourés d’une super équipe avec Noémie Chicheportiche, Waly Dia, Zinedine Soualem ou encore Elodie Hesme.
Comment s’est passé le travail avec le réalisateur Vincent Jamain ?
Nous avons surtout voulu insister sur le côté caméléon de ce personnage. Insaisissable, Novak se faufile comme un poisson. Il s’adapte en fonction de chaque personne qu’il a face à lui et essaye de se mettre du côté de l’autre pour mieux pouvoir le piéger. Cette particularité le rend énervant mais aussi très efficace. J’avais rencontré Vincent il y a longtemps alors qu’il était premier assistant sur la série Jeu de dame. Concentré et précis, c’est un homme adorable et très talentueux. Je recommence quand il veut !
L’histoire, qui se déroule sur trois époques, vous fait « partager » le personnage avec deux autres comédiens. Etait-ce frustrant ?
Au contraire, cette particularité m’a tout de suite séduit. Les flashbacks sur trois époques permettent de donner naturellement des clefs aux téléspectateurs. Il y a des choses que je n’avais pas besoin de jouer puisqu’un autre comédien avait déjà permis de comprendre les réactions de Novak dans les séquences précédentes. Pouvoir composer un personnage à plusieurs en laissant à d’autres une partie de sa construction est intéressant pour un acteur. C’était une façon de travailler inédite pour moi que j’ai beaucoup aimé.
Quels sont vos projets ?
J'ai tourné en Belgique la série Attraction. J’y joue un personnage de « méchant ». Ce type de rôle est assez jouissif, surtout quand on a beaucoup interprété celui qui leur courait après ! En ce moment, on ne me propose que ce type de rôles… ou alors celui de tueur ! Peut-être qu’avec l’âge, je deviens plus inquiétant ! Il y a des cycles. C’est amusant car au début de ma carrière, je tournais surtout dans des comédies. J’avais envie de personnages de flic mais personne ne m’y voyait. Puis, après en avoir fait un, on m’en a proposé beaucoup. Maintenant, j’adorerais être transporté dans une autre époque avec un film historique !