« Ce rôle est à la fois un cadeau et un super challenge »
La jeune Anya, 20 ans, a quitté Berlin et ses parents pour suivre des études de droit à Paris. Mais après une soirée festive, la jeune femme est suspectée du meurtre d’un autre étudiant… Eden Ducourant nous dévoile les multiples facettes de ce personnage a priori sans histoires qui se révèle totalement insaisissable.
Qu’avez-vous pensé à la lecture du scénario ?
A la fin de chaque épisode, j’avais très envie de lire le suivant ! J’ai trouvé la structure narrative, construite sur des flashbacks, très intéressante. Ce thriller psychologique m’a tout de suite plu car j’y ai vu une vraie force politique et féministe. Ce qui m’anime dans ce métier, c’est de prendre part à des projets qui sont susceptibles de faire réfléchir, de susciter le débat. En l’occurrence, cette histoire qui s’inscrit dans notre époque dérange autant qu’elle questionne, un peu à la manière du film Promising Young Woman avec Carey Mulligan. J’ai aimé les interrogations qu’elle soulevait sur le rapport parent-enfant, l’éducation, la famille, l’amour… Le scénario, très riche, évoquait aussi les questions de justice et d’injustice. Chaque personnage avait un axe intime et narratif à défendre. Et évidemment, l’héroïne m’a beaucoup plu.
Pour quelles raisons ?
Par sa dualité et son côté insaisissable. On ne sait jamais si Anya ment ou si elle dit la vérité. Est-elle innocente ? Coupable ? A la fois fragile et audacieuse, vulnérable et déterminée, elle fait preuve d’une force de conviction qui désarçonne, conjuguée à une forme d’errance intérieure car elle est totalement perdue. Il y a aussi en elle beaucoup de violence et de colère. Révoltée, engagée, sensible aux problèmes de ce monde… C’est une héroïne moderne, habitée par un militantisme et une grande soif de justice. Pour moi, Anya est un personnage aussi touchant qu’effrayant. Interpréter cette jeune femme qui se démultiplie et se transforme était à la fois un cadeau et un super challenge pour moi !
Comment êtes-vous entrée dans la peau de votre personnage ?
J’ai lu le roman de Nina Darnton dont est adaptée cette mini-série pour découvrir qui était Anya. Dans mon travail préparatoire, j’ai beaucoup décortiqué le livre qui a été une bonne base pour la construire. Au début du tournage, je voulais rester très fidèle au roman mais j’ai compris que je devais m’en détacher parce qu’il s’agissait d’une adaptation : le réalisateur et les auteurs voulaient emmener le personnage dans d’autres directions. J’ai aussi regardé beaucoup de films pour m’en nourrir et j’avais collé des photos de différentes comédiennes dans mon scénario : Romy Schneider, Shira Haas de la série Unorthodox, ou encore Jodie Foster, Jessica Biel, Gena Rowlands… Je trouvais qu’elles correspondaient à mon personnage. Par leur regard, leur visage ou leur attitude, elles étaient de vraies sources d’inspiration et m’ont accompagnée tout au long du tournage.
Avez-vous facilement trouvé le juste équilibre pour ce rôle ?
Je crois au travail et à la préparation. En amont, j’ai fait appel à une coach pour m’aider à comprendre ce personnage. Il fallait que je rencontre Anya, que je trouve sa vérité. Ensuite, je l’ai peaufinée avec le réalisateur, Fred Garson. Je suis arrivée avec une liste de questions pour lui car il n’y a pas toujours toutes les clés dans un scénario. Je voulais avoir le plus d’éléments possible pour la construire. Ce n’était pas simple car elle a de multiples facettes. En plus, le tournage ne respecte pas la chronologie de l’histoire. Nous avons commencé par les scènes de flashback et toutes les versions racontées par Anya… On peut facilement s’y perdre !
Comment s’est passé le tournage ?
La première semaine a été assez physique et intense car elle comportait les scènes de cascades. Nous avons répété deux jours avec des professionnels et j’avais une doublure. C’était aussi très fort en émotion car ce que vit Anya n’est pas simple. Je me suis très bien entendue avec Julie Gayet, une comédienne généreuse et bienveillante. Elle a été une vraie rencontre puisque nous nous sommes retrouvées sur d’autres projets par la suite. Avec Tomer Sisley, ils ont été de solides partenaires qui m’ont soutenue. J’avais le sentiment d’avoir des alliés sur ce tournage et nous formions une vraie équipe. J’ai peu tourné avec mon père de fiction, Andreas Pietschmann, mais nos conversations sur son expérience d’acteur étranger étaient très enrichissantes. Travailler avec des comédiens d’autres pays apporte une dynamique différente et très agréable.
Cette série semble vous avoir particulièrement touchée…
J’ai le sentiment d’avoir découvert mon visage engagé après ce tournage. Je pense appartenir à une génération animée par un élan, une urgence à s’investir pour une cause. Après Une mère parfaite, Julie Gayet, qui est ambassadrice pour la fondation pour les femmes, m’a appelée pour savoir si j’aimerais participer à la campagne de la fondation. Je l’ai finalement coréalisé avec mon frère. Avec du recul, je me rends compte que les projets auxquels je participe sont plutôt engagés, sur des sujets variés. Pour Sarah était déjà l’opportunité de sensibiliser l’opinion publique sur les personnes stomisées. Il s’agissait d’une forme d’engagement et de responsabilité. Dernièrement, j’ai participé au tournage des Combattantes qui revient sur le rôle des femmes pendant la Première Guerre mondiale. Il y a finalement une ligne directrice dans mes projets. Dans mes choix à venir, cette volonté d’engagement entrera clairement en ligne de compte.