« Un voyage enrichissant et enivrant »
Mehdi Nebbou retrouve avec bonheur le rôle de Karadec pour de nouveaux épisodes encore plus drôles et décalés. Le comédien nous livre ses impressions à l’approche de la diffusion de la deuxième saison.
Qu’avez-vous ressenti face au succès de la première saison ?
Beaucoup de joie. Le sentiment d’être privilégié, de participer à un projet qui non seulement me plaît mais qui rencontre en plus des audiences aussi formidables. Ce n’est pas si fréquent dans notre métier de conjuguer succès populaire et bonnes critiques. Quand ça arrive, C’est un cadeau !
« HPI » a battu des records en France et traverse les frontières puisqu’elle a été vendue dans 90 territoires. Comment expliquez-vous un tel engouement ?
HPI est une série qui arrive au bon moment, qui donne de la joie, fait cohabiter les différences, apporte de la légèreté sans faire preuve de cynisme ou donner des leçons. C’est dû en grande partie au personnage de Morgane. Cette héroïne du quotidien, issue d’une classe sociale dont on parle peu ou mal, est une guerrière qui donne du courage. Morgane est une ode à la résilience car malgré les difficultés de la vie, son énergie et son optimiste lui permettent d’aller de l’avant. Suivre son quotidien fait du bien et beaucoup de gens peuvent s’identifier à elle. D’autre part, si la qualité d’une série repose sur l’écriture, le travail collectif y contribue beaucoup. Je ne remercierai jamais assez les producteurs d’avoir laissé à tous les corps de métier un espace de liberté pour s’exprimer. Chacun se sentait légitime de faire des propositions. De fait, tout le monde se sentait impliqué et donnait le meilleur.
Le public lillois vous a-t-il réservé un accueil particulier lors de votre retour dans la région ?
Il y avait beaucoup de monde sur les tournages et nous avons vu une nette différence entre les deux saisons. Avec la popularité de la série, les gens étaient plus curieux. Mais les Lillois, et les habitants du Nord en général, sont vraiment accueillants, chaleureux et gentils. C’était le cas avant le succès et ça n’a pas changé !
Dans quel état d’esprit avez-vous abordé cette nouvelle saison ?
Je me sentais libéré. Au début d’un projet, il y a toujours une petite crainte : sera-t-on satisfait du résultat ? Le public sera-t-il au rendez-vous ? Ces questionnements s’étaient dissipés et cela a débridé tout le monde. Les scénaristes sont allés encore plus loin dans la comédie, créant plus d’espace pour faire vivre l’esprit de groupe et pour que tous les personnages puissent s’épanouir. Au final, je trouve cette nouvelle saison encore mieux que la précédente. Elle est plus drôle, plus décalée, plus libre. Il y a un vrai mélange des genres : le polar, la comédie pure, la comédie romantique, mais aussi le drame. Cette association n’est pas fréquente mais cohabite bien et apporte une singularité à la série. Passer de l’un à l’autre est assez jouissif à regarder mais aussi à jouer.
A la fin de la première saison, Karadec était en mauvaise posture professionnellement.
Oui. Clotilde Hesme vient camper une flic de l’IGPN qui va enquêter sur lui et sa façon de travailler. Sa carrière et celle de Morgane vont être mises en péril. Mais même si sa supérieure lui en veut de lui avoir menti, elle va le soutenir et faire son possible pour le protéger. Malgré les derniers événements, elle sait que Karadec est un flic droit et intègre.
Qu’en est-il de sa vie privée ?
Il a clairement réalisé qu’il avait des sentiments pour Morgane mais elle est retournée avec son ex. Karadec va devoir accepter la réalité. Il va se convaincre que tout cela n’a ni sens ni avenir et remettre en question la légitimité de ses sentiments envers elle. De son côté, elle ne s’est rendu compte de rien. Mais quand il va se rapprocher d’une autre femme, Morgane va commencer à le regarder différemment. On rentre dans un jeu de ping-pong entre deux êtres qui vont passer leur temps à se rater, mais qui vont finalement s’aimer de plus en plus sans s’en apercevoir.
Avez-vous rapidement retrouvé vos marques ?
Oui, comme nous nous connaissons bien sur le plateau, il y avait un côté familial et festif. C’était de belles retrouvailles. Et sur une série, on passe beaucoup de temps avec un personnage. Il se produit un phénomène étrange en le retrouvant, comme si on revoyait un vieux pote. On se sent plus vite à l’aise et c’est plus simple d’aller en profondeur. Il est intéressant de pouvoir le redécouvrir sous des facettes que l’on ne soupçonnait pas. C’est un voyage enrichissant et enivrant. Ce que j’aime chez Karadec, c’est qu’il évolue. Dans cette saison, il est plus sensible. Son amitié avec Morgane déteint sur lui, il se lâche un peu et devient moins rigide.
Différents réalisateurs se sont succédé cette année. Etait-ce déstabilisant ?
Non. Connaissant la réputation des réalisateurs-trice, je n’étais pas inquiet et je faisais entièrement confiance à la sensibilité des producteurs. Nous nous faisions mutuellement confiance et étions dans un échange enrichissant et complémentaire. Nous avons retrouvé Vincent Jamain avec qui nous avions débuté la série. Il y avait de la confiance, de la bienveillance, de l’humour. C’était aussi un vrai bonheur de rencontrer Mona Achache, Jean-Christophe Delpias et Djibril Glissant qui ont chacun apporté une touche particulière à leurs épisodes. Nous avons terminé la saison avec Djibril Glissant qui est en couple avec Audrey Fleurot depuis longtemps et c’était un bonheur de les voir travailler ensemble.
Vous souvenez-vous d’un moment particulier ?
Mon père m’a dit qu’il aimerait bien passer sur le plateau. Je l’ai donc fait venir. Ce n’était pas arrivé depuis 22 ans ! Faire découvrir son métier à ses parents et leur faire partager un peu de son quotidien représente toujours un moment précieux. Comme mon père est un très bon danseur, j’avais choisi le jour d’une scène de danse entre Morgane et Karadec. En plus, c’était ma dernière séquence. Il a été très touché. Ces instants étaient vraiment magiques.