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Paroles d'Enfoirés

Les Enfoirés se confient, en coulisses, sur cette nouvelle édition.
Publié par Vincent Vanessa le 07/02/2023

Après deux années sans spectateurs, les Enfoirés retrouvent enfin leur public sur la scène de la Halle Tony Garnier, à Lyon. Une édition placée sous le signe des retrouvailles et de la fête dont l’ouverture sur Le dernier jour du disco donne le ton, avant la succession de nombreux tableaux plus spectaculaires les uns que les autres, entrecoupés de sketchs. Rencontre avec quelques-uns des 47 artistes, entre deux concerts, le dimanche 15 janvier dernier.

AMIR :
«Retrouver le public est très émouvant. Les deux éditions précédentes s’apparentaient plus à des émissions de télévision qu’à des concerts et nous avons ressenti une frustration commune. Naturellement, nous avions tous répondu présents pour servir la cause des Restos, mais il manquait l’essence même de ce spectacle, ce qui fait sa force : le public. Cette ferveur qui émane des 7 000 spectateurs présents à la Halle Tony Garnier est incomparable. Heureusement, nous retrouvons peu à peu notre vie d’avant, prétexte à faire à nouveau la fête ensemble. Cette année, la conception scénique a changé et nous sommes au plus près du public grâce à une avancée de la scène. L’énergie qui se dégage est galvanisante ! J’ai la chance de signer l’hymne 2023, Rêvons, que j’avais déjà écrit en 2018 avec mes amis Nazim et Nyadjiko. Proposer une chanson pour Les Enfoirés était un défi. Nous avons souhaité laisser mûrir cette idée. Je voulais également me laisser le temps de comprendre la philosophie des Enfoirés car en 2018, je venais juste d’intégrer la troupe. J’ai revu ensuite Nazim, nous avons apporté quelques modifications à cette chanson que l’on a définitivement proposée à la direction des Enfoirés en 2022, après le concert de Montpellier. A travers ce titre, nous avons essayé d’imaginer un monde dans lequel nous n’aurions plus besoin des Enfoirés. Fédérer autour d’une révolution positive est essentiel.»

PATRICK BRUEL :
«Avouons-le : trois ans de suite sans public, cela aurait été difficile ! Ces retrouvailles à Lyon sont fantastiques ! L’accueil est incroyable. Il y a une envie folle de se revoir, de partager à nouveau des émotions fortes. Pour nous, c’est une énergie décuplée qui nous pousse à toujours faire mieux ! Cette année, j’ai un coup de cœur pour le tableau dédié à Corsica. Celui de La Quête d’OrelSan est aussi majestueux. Les ballons rouges me touche car cette chanson a marqué mon existence. C’est l’un des premiers titres qui m’a permis de me défendre lors de petits concours de chansons lorsque j’étais jeune. A chaque fois qu’il y avait une audition, le choix se faisait entre Amsterdam et Les ballons rouges. J’ai d’ailleurs laissé un message à Serge Lama pour lui dire à quel point toute la troupe était touchée d’interpréter cette chanson et de la terminer en chœur avec Jane Birkin. Ce spectacle est ponctué de jolis moments, souvent très émouvants. Je suis toujours touché par l’accueil du public, par cette ferveur qui ne se dément jamais. Quand je regarde dans le rétroviseur, je garde un souvenir ému de ma première participation aux côtés de Jean-Jacques Goldman, sur le tableau Monopolis. C’est un moment suspendu dans le temps. Mes duos avec Maurane restent gravés, tout comme ces efforts infinis pour être présent en 2020 alors que j’avais fait une chute de 2 mètres depuis la scène lors des répétitions. Mais Enfoiré un jour…»

CARLA BRUNI :
«Plus qu’un devoir, c’est un plaisir d’être ici ! En plus, il se traduit par des repas puisque chaque vente du CD et du DVD permet à l’association d’en distribuer 17 et c’est fantastique. Je fais partie de la troupe depuis 30 ans et c’est important pour moi. Le public est d’une gentillesse incroyable. Il est aussi bienveillant que patient - surtout entre les changements de décors – et d’une générosité incomparable ! Cette année, j’ai adoré le tableau consacré à Mon frère, mais aussi celui de La bombe humaine dans lequel tous les artistes évoluent dans un camaïeu de vert, rouge et bleu. J’adore aussi celui dans lequel j’interprète L’amour de Mouloudji avec Vianney, habillée en Gavroche. A chaque concert, la magie opère et c’est sûrement un spectacle unique au monde.»

NICOLAS CANTELOUP :
«La plupart des sketchs sont tournés en coulisses, puis insérés au programme, comme l’an dernier à Montpellier. Cela donne une dynamique différente au spectacle. Il est plus rythmé car les sketchs sont aussi plus courts. Nous avons gagné en qualité en prenant plus de temps pour répéter et cela est plus confortable. Par ailleurs, ces tournages permettent aux téléspectateurs de découvrir les Enfoirés en backstage. Nous pouvons toujours compter sur le talent de Frédéric Hazan, Philippe Caverivière ou encore Laurent Vassilian, un pool d’auteurs toujours très inspirés… Même si les deux derniers spectacles avaient été très bien ficelés, je suis heureux de retrouver le public car il est l’élément moteur des Enfoirés. Chaque année, j’ai l’impression d’aller retrouver mes copains en colonie de vacances. C’est une parenthèse essentielle que l’on s’impose et elle est prétexte à un partage d’expérience très sympathique.»

SOFIA ESSAÏDI :
«On m’avait déjà sollicitée l’an dernier pour intégrer la troupe, mais j’étais sur le tournage du film Overdose et les plannings ne coïncidaient pas. Je souhaitais faire partie de l’aventure depuis longtemps, d’abord pour la bonne cause, mais aussi pour le plaisir de partager une expérience humaine forte, entre artistes. J’ai l’impression de faire partie d’une grande colo ! Voilà quatre ans que je n’avais pas chanté et quel plaisir de retrouver la scène ! Même si je me suis préparée en amont, j’avais une appréhension légitime, mais elle s’est aussitôt dissipée car les automatismes reviennent vite. Et puis, la magie du direct fait le reste. Le public est heureux d’être là et nous avons donc envie de donner le meilleur de nous-mêmes pour le combler. Je vous préviens : maintenant que je suis là, je ne pars plus ! J’ai été accueillie avec bienveillance, amour, bisous, câlins et sans bizutage, je tiens à le préciser !»

JOYCE JONATHAN :
«C’est la première fois que je participe aux Enfoirés avec le public et c’est fantastique ! J’ai ressenti une émotion très forte lors des premières notes de la chanson des Restos du Cœur. J’ai alors pris conscience de la chance de faire partie de ce show historique et d’être témoin d’une telle ferveur. Je suis très pudique, les larmes n’ont donc pas coulé durant le spectacle, mais après… En coulisses, 600 personnes œuvrent sans relâche pour veiller à ce que cet événement se déroule parfaitement, sans oublier les 200 bénévoles mobilisés sur place. Sans eux, rien ne serait possible. Cette année, mon coup de cœur va au tableau Banana Split et Barbie Girl, tous les deux très colorés. En tant que «petite nouvelle», je trouve qu’il y a beaucoup de générosité de la part des «anciens». Après, c’est une course d’endurance sur une semaine car il faut suivre leur rythme !»

NOLWENN LEROY :
«Cette année encore, ce spectacle réserve de très beaux moments, à l’image du tableau Corsica ou Mon frère, tous les deux très intenses sur le plan émotionnel. L’hommage à Michel Berger sur La groupie du pianiste est également très réussi. J’ai la chance de prendre part à celui de Shallow, en duo avec Christophe Maé, dans lequel Marie-Agnès Gillot effectue une chorégraphie étonnante. La danse est de plus en plus intégrée au spectacle et Marie-Agnès a le don de sublimer les tableaux auxquels elle prend part. Cette année, la famille s’agrandit avec l’arrivée de Mentissa et de Sofia Essaïdi, deux grandes voix. Ces artistes, aux textures de voix différentes, viennent renforcer la troupe. Il manquait un peu de filles ces dernières années, donc c’est très positif. Il y a une très bonne alchimie entre nous et cela se ressent forcément sur scène. Je tiens vraiment à rendre hommage aux habilleuses et aux couturières qui font dans l’ombre un travail de fourmi titanesque. Elles n’hésitent pas à rafistoler un tissu entre deux chansons, quitte à nous faire porter des semblants d’animaux morts sur la tête pour que nos chapeaux tiennent ! 800 costumes sont prêts en coulisses et c’est aussi grâce à ces magiciennes que ce spectacle est si beau.»

ANNE SILA :
«L’un des moments les plus forts cette année est sans aucun doute la surprise que nous avons faite à Mimie Mathy. Elle pensait chanter seule sur scène Je l’aime à mourir, mais d’autres paroles avaient été écrites pour elle. Nous sommes tous arrivés vêtus de tee-shirts à son attention puis, nous avons revisité le tube de Francis Cabrel en le rebaptisant On t’aime à mourir. Mimie était très émue, toute la troupe pleurait… C’était très touchant car elle ne s’y attendait pas du tout. Voilà seulement deux ans que je fais partie des Enfoirés et j’ai l’impression que cela fait des années ! J’ai adoré revisiter Désenchantée, aux côtés de Joyce Jonathan, Zazie et Sofia Essaïdi. Nous avons mêlé comédie et chant et je trouve le résultat réussi.»

VIANNEY :
«C’est la première fois que je vais au contact du «légendaire» public des Enfoirés et cela change tout ! Du coup, je me sens comme un petit nouveau. Je reconnais que j’ai un peu eu l’impression de tourner une émission de télé les deux années précédentes. Je me suis concentré sur la cause. Aider des personnes dans le besoin suffit évidemment à nous réunir et je suis heureux d’être là pour cela. Il n’empêche, voir le public change la donne. Laisser parler l’émotion est alors bien plus facile. Je savoure ce plaisir-là alors qu’apparemment, c’est la norme. Au début du spectacle, nous nous retrouvons au plus près du public pour chanter Freed from Desire, un titre très puissant pour lancer le spectacle. Je suis heureux que Mentissa ait rejoint la troupe. C’est très gratifiant pour elle d’avoir été appelée. Elle fait son petit bonhomme de chemin et je suis très content pour elle. Solide, elle a de belles valeurs et elle est très fière d’intégrer cette année la troupe, dans laquelle elle a été très bien accueillie. Les Enfoirés, c’est avant tout une grande famille.»