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«Le destin m’a toujours guidée vers des rôles différents»

Prométhée - Interview de Camille Lou
Publié par Binoist Aurélie le 21/02/2023

Dans «Prométhée», Camille Lou interprète Elise, jeune capitaine de police enlisée dans son enquête sur le meurtre d’une adolescente. Elle va croiser la route d’une jeune inconnue amnésique, retrouvée nue en pleine forêt après avoir été percutée par une voiture. Malgré le choc, cette dernière ne présente aucune séquelle physique. Le début d’une série d’événements troublants…

Après «Le bazar de la charité» et «Les combattantes», vous changez radicalement de registre !
Oui, on peut parler de grand écart ! J’adore les films et les séries fantastiques. En France, ce genre de fiction est assez rare. J’ai donc d’emblée trouvé ce projet intéressant et audacieux. Et il était porté par des personnes vraiment investies. Dès la lecture, j’ai beaucoup aimé les scénarios qui étaient prenants et très bien écrits. J’avais hâte de lire la suite page après page. Le côté garçon manqué du personnage d’Elise m’a aussi tout de suite attirée. En plus, je n’avais encore jamais interprété de rôle de flic. Cela changeait complètement de ce que j’avais pu faire auparavant.

Justement, comment vous y êtes-vous préparée ?
Nous avions à nos côtés plusieurs consultants, anciens membres de la BRI ou personnes encore en activité, pour nous conseiller sur l’aspect technique. En dehors de cela, je me suis laissé porter par ce personnage, comme je le fais à chaque fois. Nous sommes tous différents et chacun apporte sa propre sensibilité. J’ai conscience d’avoir énormément de chance d’exercer ce métier, avec toujours autant d’envie et de passion. Le destin m’a toujours guidée vers des rôles différents et je crois qu’il n’y a pas de hasard. Si ce rôle de flic est arrivé seulement maintenant, c’est peut-être que je ne m’en sentais pas capable auparavant. Ce genre de personnage nécessite une certaine force de caractère. Même si l’on apprend constamment dans notre métier, j’ai le sentiment que j’avais la maturité nécessaire pour l’interpréter.

Comment décririez-vous Elise ?
N’ayant pas pu compter sur ses parents, elle s’est construite par elle-même et a élevé seule sa jeune sœur. Passionnée, forte et déterminée, Elise représente à mon sens la parfaite définition de la résilience. C’est une flic très investie dans son travail qui peine à trouver un équilibre entre sa vie privée et sa vie professionnelle. Depuis plusieurs semaines, elle enquête sur le meurtre mystérieux d’une jeune fille sans parvenir à trouver la moindre piste. Cette affaire l’obsède mais elle ne veut rien lâcher. En parallèle, elle sent que sa sœur va mal mais préfère ne pas y penser, notamment parce que cela la confronte aux erreurs qu’elle a commises avec elle. J’ai imaginé qu’elle s’était donné beaucoup de mal pour conserver ce lien fraternel sans devenir une mère de substitution. Pour autant, elle ne peut pas s’empêcher d’avoir un comportement un peu maternel avec elle.

Aviez-vous en tête un personnage particulier ?
Non, mais j’avais une idée très précise de ce que je voulais en faire. Je travaille énormément mes rôles car j’ai besoin d’avoir une ligne de conduite morale pour les interpréter. En l’occurrence, j’avais envie d’un personnage presque asexué, dans le sens où Elise s’est oubliée en tant que femme. Elle ne se soucie ni de ses vêtements, ni de son apparence. Il n’y a pas de place pour ces préoccupations dans sa vie.

Vous disiez vous retrouver dans le romantisme d’Alice dans «Le bazar de la charité» et le féminisme de Suzanne dans «Les combattantes». Qu’en est-il cette fois avec Elise ?
Je dirais son côté bosseuse et le fait qu’elle soit investie de toute son âme. Je peux aussi devenir obsessionnelle et ne pas lâcher prise tant que je n’ai pas réussi à atteindre mon objectif. Pour Elise, son enquête est une priorité absolue et elle est prête à tout pour la faire avancer, sans s’attarder sur l’aspect humain. En revanche, si je partage son investissement dans mon travail, rien ne passera jamais avant ma famille et ma vie amoureuse, contrairement à elle.

Comment s’est passé le tournage ?
J’en conserve un super souvenir. Nous avons tourné dans les Landes et sur la côte. La lumière, qui y est formidable, apporte une ambiance particulière. L’équipe était géniale et nous avons beaucoup ri durant ce tournage très joyeux. Christophe Campos est un chef d’orchestre génial, tout comme peut l’être Alexandre Laurent dans un genre très différent. Et j’ai retrouvé avec plaisir une partie de l’équipe technique que j’avais rencontrée lors d’un précédent film. Nous étions tous sur la même longueur d’onde. C’est aussi ce qui fait la force d’un projet.

Comment s’est passée votre collaboration avec les deux jeunes comédiennes qui interprètent votre sœur et Prométhée ?
Très bien. J’aime tirer les cartes. Ce fut le prétexte à plusieurs soirées au cours desquelles nous avons beaucoup discuté. C’était le premier tournage de Margot Heckmann. Elle était dans la découverte, un peu émerveillée et presque surprise de ce qui lui arrivait. Mais elle a adoré cette expérience. Quant à Fantine Harduin qui a plus d’expérience, elle avait déjà une autre conscience du travail de comédien et était plus dans l’optique de bien faire. Les voir évoluer dans ce milieu était assez touchant et je les ai trouvées fantastiques. Elles ne se posaient pas les mêmes questions mais avaient en commun cette crainte de ne pas être assez intenses. En parlant avec elles, je me suis aperçue que malgré mon expérience, je partageais certaines de leurs interrogations et de leurs doutes. C’est une bonne chose : il est important de ne jamais arrêter de se remettre en question. J’ai l’habitude de dire qu’il faut savoir reconnaître à la fois ses torts et ses prouesses.

 

Quels sont vos projets ?

J’ai participé à la 3e saison de Je te promets qui devrait arriver à l’antenne prochainement. J’ai aussi tourné dans deux comédies : Notre tout petit petit mariage avec Ahmed Sylla qui sortira en avril et Chasse gardée, aux côtés de Didier Bourdon et Thierry Lhermitte.

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