« J’avais envie de rôles un peu plus sombres »

Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet ?
Après Balthazar, j’avais envie de rôles différents, un peu plus sombres et âpres, pour sortir du côté pétillant et solaire que l’on m’attribue souvent. En voyant ce projet, mon agent a pensé que le personnage pouvait m’intéresser parce qu’il s’éloignait de ce que j’avais l’habitude de jouer. Il était notamment dans un autre rythme, une sorte de lenteur qui ne me ressemble pas beaucoup. Je suis d’une nature plutôt vive, je parle rapidement… Avec Camille, je devais rester entre deux eaux parce qu’elle a un temps de retard sur tout. Finalement, sur le tournage, je me suis rendu compte que j’avais vraiment pris son rythme : je n’arrivais pas à trouver mes mots et j’avais du mal à être vive dans l’apprentissage de mon texte et dans mon jeu, comme si son énergie me débordait. Il faut croire que je m’imprègne tellement d’un personnage que j’ai du mal à m’en défaire ! C’était assez spécial à vivre mais aussi très intéressant.

Comment décririez-vous votre personnage ?
Camille Hartman est une juge respectée et impliquée dans son métier qui a eu une belle carrière. Mais après un grave accident de voiture un an plus tôt, elle n’a toujours pas repris le travail. Coincée dans un état particulier entre pertes de mémoire et absences, elle a beaucoup de mal à émerger et semble dépassée par la vie. Elle n’arrive pas à se souvenir des circonstances de la nuit de son accident. Pourtant, des flashs lui reviennent en tête et elle sent que quelque chose est bloqué dans sa mémoire. Après la découverte de douze corps sur une base militaire en Forêt-Noire de l’autre côté de la frontière, elle a l’intime conviction de son lien avec les événements mais n’arrive pas à savoir quel a été son rôle. Cette certitude va la pousser à se rapprocher de l’enquête.

Dans ce rôle, on vous retrouve les cheveux foncés…
J’avais adoré la prestation de Kate Winslet dans la série Mare of Easttown avec un personnage assez « brut », pour lequel elle n’était ni maquillée ni coiffée. Mes plus beaux rôles sont justement ceux où je suis brune, avec une apparence un peu dure, fanée... J’avais envie de jouer cette carte-là pour Les disparus de la Forêt-Noire, raison pour laquelle je me suis teint les cheveux. Mais ce sera sûrement la dernière fois car je trouve que cette couleur ne me va pas et j’ai du mal à le vivre dans ma vie quotidienne. Dans le même ordre d’idée, les vêtements de Camille étaient assez ternes, j’ai d’ailleurs proposé de les brûler à la fin du tournage ! (rires) Tous les aspects de ce rôle étaient loin de moi. En tant qu’actrice, on a la chance d’aller parfois dans des univers et des directions que l’on ne prendrait pas dans la vie courante où l’on essaye de se montrer sous notre meilleur jour. En même temps, c’est très intéressant de ne pas être à son avantage physiquement car cela permet de laisser s’exprimer pleinement un personnage. Et puis je vais bientôt interpréter le rôle de Sam, une nana sexy et désirable. C’est chouette de pouvoir passer de l’un à l’autre.

Comment s’est passé le tournage ?
Nous avons tourné à Strasbourg et un peu en Allemagne dans des endroits très cinématographiques avec une vraie ambiance… mais bien loin de celle de Trop jeune pour moi à l’Ile Maurice ! Nous étions en plein hiver et il faisait un froid terrible. J’ai maudit mes petites bottines qui m’empêchaient de mettre de grosses chaussettes chaudes ! En plus, nous tournions à des horaires décalés avec des réveils à 5h du matin pour profiter du soleil. Je me couchais à 21h. J’avais vraiment une vie trépidante ! Je garde le souvenir d’une série sous la neige. Mais Strasbourg est une très belle ville et si la tonalité de cette série est assez froide et austère, nous avons eu la chance d’avoir une équipe formidable et de travailler dans une super ambiance. Grégory Fitoussi est une merveille, un garçon gentil et simple qui joue très bien. J’avais déjà tourné avec Thierry Godard que j’adore, mais aussi avec Tchéky Karyo quand j’avais 25 ans sur le film Que la lumière soit. J’étais ravie de le retrouver. Quant au réalisateur Yvan Fegyveres, il apporte une énergie incroyable. Il ne peut pas faire une phrase sans ajouter une blague et nous a réchauffé avec son humour et sa bonne humeur. C’était génial de travailler avec lui !

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
J’ai passé mon permis il y a à peine un an quand je me suis installée dans le Sud. Toute fière de moi, j’ai donc dit que je savais conduire en arrivant sur le tournage... et je n’aurais jamais dû ! Je me suis retrouvée à faire des prises au volant d’une voiture sous la neige sur des routes verglacées, le téléphone à la main, avec de vraies voitures qui me croisaient. Je n’étais pas très à l’aise. A la fin de la première prise, j’ai fondu en larmes à cause du stress !

Vous allez bientôt reprendre le rôle de Sam après Natacha Lindinger…
J’ai adoré interpréter la capitaine Bach dans Balthazar. Parfois, je ne savais même plus si je jouais tellement j’étais imprégnée par elle et ses émotions. Je rêvais de retrouver un rôle récurrent car j’aime cette sensation d’accompagner un personnage pendant plusieurs mois. J’ai reçu quelques propositions mais aucune sur laquelle je me voyais m’engager sur le long terme... jusqu’à Sam. Je suis hyper contente parce que c’est un rôle génial. Sam est une nana sans filtre, qui vit pleinement. Elle me ressemble un peu dans le côté où elle sort du cadre. J’adore aussi me retrouver face à des adolescents parce que c’est l’âge que je préfère. Natacha Lindinger était extraordinaire dans ce personnage. Je ne vais pas faire la même proposition, mais le terreau est tellement riche que je pense beaucoup m’amuser avec ce rôle ! Je vais aussi tourner le prochain film de Noël pour TF1 aux côtés de Lannick Gautry avec la même production que Balthazar.